Après avoir séduit le monde entier, l’eau-de-vie charentaise retrouve enfin ses racines françaises.
Il y a le rappeur énervé qui scande en rafale le nom de ses marques préférées, le barman de palace new-yorkais qui dose ses cocktails tel un alchimiste, le milliardaire de Hongkong qui le siffle à table… Le cognac a mille porte-drapeaux, s’adapte à toutes les cultures. Cette eau-de-vie est un caméléon. La crise sanitaire l’a peu touché : "Le cognac est un produit résilient qui a bien résisté. Après la chute sensible de nos expéditions en avril et en mai, il y a eu un vrai rebond et nous avons retrouvé de bons chiffres", explique Patrick Raguenaud, le président sortant du Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic).
L’eau-de-vie charentaise surfe sur les goûts croissants des consommateurs pour les alcools bruns, notamment aux États-Unis, mais aussi sur les envies d’un public à la recherche de produits authentiques, fiables, avec un supplément d’âme. Pour répondre à la demande, sur le plan local, vignerons et négociants œuvrent ensemble. Petites et grandes maisons jouent la complémentarité, depuis quelques siècles déjà. Tout cela semble leur réussir.
Ces dernières années, un seul pays semblait résister aux charmes de l’eau-de-vie reine : la France. Un paradoxe pour un produit qui joue de tout son poids dans notre balance des paiements et emploie de façon directe et indirecte 70 000 personnes. Mais voilà, on peut être dans l’air du temps partout dans le monde et prendre la poussière sur la dernière étagère des rares bistrots de campagne encore en activité.
Des tests de nouveaux cépagesPar bonheur, le vent tourne et les grandes marques prennent de nouveau en compte le marché national. Un phénomène qui pourrait s’accélérer ces prochaines années.
L’offre, dont Le Figaro donne un aperçu (ci-dessous), reste d’une richesse inouïe. Aujourd’hui, quel autre secteur est en mesure de mettre sur le marché, en même temps, des produits élaborés à peine trois ou quatre ans plus tôt et d’autres qui maturent dans leur chai depuis le XIXe siècle ?
Démonstration est ainsi faite qu’à Cognac, chacun défend la notion du temps long et travaille pour les générations futures. La région n’a jamais cessé de s’équiper, de s’adapter, de moderniser son outil industriel. La recherche et le développement passent par des tests de nouveaux cépages. En outre, 10 000 hectares de vigne ont été plantés durant les trois dernières années, encore 2 300 hectares de plus vont s’ajouter en 2021 à un vignoble qui compte 80 000 hectares. De nouvelles distilleries, des chais, des usines d’embouteillage high-tech sont inaugurées. Dans la vigne, le passage à une agriculture bio n’est plus seulement une idée. Les grandes maisons savent limiter leur emprunte carbone. D’un point de vue commercial, pour se rendre plus accessibles, beaucoup ont investi dans les plateformes d’e-commerce.
Cognac s’ouvre. La ville...Voir l'article en entier