Zebulon
Messages : 56429 Date d'inscription : 22/01/2020 Age : 73 Localisation : Un village du 28310
| Sujet: Frais d’obsèques, le jugement dernier du consommateur Lun 31 Oct - 15:13 | |
| Nos vies ne se résument pas à notre activité de consommation, même si elle nous occupe et nous préoccupe chaque jour, ou presque. Pas plus que les obsèques ne se réduiraient à un service marchand. Mais cette dimension existe bel et bien, et les pompes funèbres nous le vendent et l'organisent. Examinons alors cette consommation très spéciale du dernier jour ainsi que sa régulation, du pré-achat des obsèques à la concurrence entre ceux qui font disparaître les morts, sans oublier les aides financières pour les démunis. Levons d'abord un doute sur la référence à la consommation qui peut laisser le lecteur perplexe. Il est vrai que l'image du consommateur est ici brouillée. Le défunt bénéficie d'un dernier hommage et d'une sépulture mais c'est un service dont il se serait bien passé dans l'absolu.
Ceci dit, les services funéraires ne sont pas les seuls à vouloir être, si possible, évités. Les frais médicaux en font également partie. Il ne faut pas croire que la consommation soit toujours décidée de gaieté de cœur. Par ailleurs, la cérémonie funéraire est aussi, voire surtout, « consommée » par la famille et l'entourage.
L'identification de celui qui paye n'est pas non plus sans ambiguïté. Les héritiers règlent les frais d'obsèques mais la somme peut leur être remboursée en partie ou en totalité par la banque de la personne décédée. Elle sera alors déduite des actifs de la succession. L'achat prépayé via un contrat d'obsèques par le futur défunt semble la seule situation claire et nette. Le consommateur décide, choisit et paye. Ne se rapproche-t-elle pas ainsi du cadre habituel ?
Clients vulnérables Il convient néanmoins d'évoquer que le verbe consommer partage la même origine latine que le verbe consumer, et, de là, un sens assez semblable : faire la somme (cum et summa), c'est achever, et par glissement anéantir, détruire. D'un point de vue macroéconomique la consommation s'opposant à l'épargne est d'ailleurs un acte de destruction immédiat ou à venir qui s'échange contre de la monnaie.
Restons dans l'étymologie pour rappeler celle du nom de croque-mort. Contrairement à une légende, ce terme ne fait pas allusion à la morsure commise par l'employé funéraire pour s'assurer que le gisant est bien mort. Autrefois, croquer signifiait faire disparaître.
Le croque-mort a lui-même aujourd'hui été escamoté du langage, cédant sa place à l'opérateur funéraire. Il n'est plus qu'un personnage de roman policier ou de bande dessinée. J'ai un faible pour le croque-mort cynique des albums de Lucky Luke, un petit homme de noir habillé qui dégaine son mètre-ruban aussi vite que son ombre pour préparer aux bonnes dimensions le cercueil de celui qui bientôt devrait succomber sous les balles.
Il est vrai aussi que les services funéraires ont accédé depuis peu au rang de bien de consommation. Ils ont longtemps été soumis au monopole, religieux puis public - celui octroyé par Napoléon aux établissements de culte, puis celui conféré aux communes avec la séparation des églises et de l'État au début du siècle dernier.
La fin du monopole est intervenue en France il y a moins de 30 ans. Elle marque la naissance de la consommation de services funéraires. Non pas que consommation et monopole soient toujours antinomiques mais parce qu'il s'agit ici d'un bien indivisible dont personne ne peut se passer. Impossible donc, face à un prix élevé ou à une qualité médiocre, de réagir en consommant une unité de moins, ou plus du tout.
L'ouverture à la concurrence par la loi du 8 janvier 1993 en matière d'organisation des obsèques est synonyme d'ouverture à la consommation. Elle a offert une liberté de choix aux défunts et aux familles. Cette liberté plus ancienne aux États-Unis se traduit aujourd'hui par une variété de services funéraires proprement étourdissante : crémation directe sans présence de proches, comme celle choisie par David Bowie, choix d'un enterrement « naturel » avec cercueil et linceul biodégradables, et, à un autre extrême, dispersion des cendres dans le ciel à 2 500 pieds, et même mise en orbite grâce à SpaceX, l'entreprise spatiale d'Elon Musk. Ne dit-on pas que si la consommation était une religion, les États-Unis en seraient le paradis ?
Outre son caractère indivisible et inévitable, la consommation de services funéraires est rendue spéciale par la situation de stress et de presse des familles et des proches endeuillés. La peine qui les accable et la nécessité de décider très vite rendent vulnérables les clients des pompes funèbres.
Souvent, s'ajoute aussi la crainte de ne pas en faire assez à l'égard du défunt ou au regard des autres en réduisant la dépense. L'exigence de protection du consommateur par la loi et la réglementation s'impose ici plus qu'ailleurs. L'activité des pompes funèbres est dès lors très encadrée par la puissance publique. Elles sont par exemple en France dans l'obligation d'établir gratuitement un devis qui détaille selon un modèle réglementaire chaque prestation, plus de 30 listées en tout, avec son prix.
Quand la réglementation décourage la crémation Le client peut ainsi retirer certaines offres de service ou les réduire (embaumement, emblème sur le cercueil ou l'urne, nombre de faire-part, composition florale, etc.). Il peut aussi comparer les offres entre différents établissements.
En règle générale cependant, les gens s'en tiennent au prestataire le plus proche ou à celui auquel ils ont déjà fait appel par le passé. Le chiffrage détaillé obligatoire des prestations permet de limiter une stratégie bien connue des économistes et des commerciaux, les offres liées et groupées qui forcent la vente d'un service ou d'un paquet chez le même prestataire. Ils y trouvent un bon moyen pour élever le prix et réaliser un plus grand profit lorsque la concurrence est faible. Comme c'est souvent localement le cas entre les entreprises de pompes funèbres, les autorités de la concurrence restent très vigilantes. D'autant que la demande étant peu sensible au prix le pouvoir de marché pénalise fortement les consommateurs.
Il ne se passe pas une année sans que l'autorité française n'épingle un ou plusieurs opérateurs pour pratiques anticoncurrentielles, à Fontainebleau, Vitré, Pontivy et bien d'autres villes encore. Un contentieux fréquent porte sur les chambres funéraires. Certains opérateurs funéraires n'en possèdent pas tandis que d'autres, oui mais ces derniers ne peuvent en avoir l'usage exclusif. Ils doivent séparer strictement les deux activités commerciales y compris avec des entrées séparées lorsque les bâtiments sont contigus. Tous ne respectent pas ces obligations. Voir l'article en entier |
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Zebulon
Messages : 56429 Date d'inscription : 22/01/2020 Age : 73 Localisation : Un village du 28310
| Sujet: Re: Frais d’obsèques, le jugement dernier du consommateur Mar 1 Nov - 19:04 | |
| Une belle escroquerie encore, pas moyen d'y couper, même en donnant son corps à la science |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Frais d’obsèques, le jugement dernier du consommateur Dim 6 Nov - 12:20 | |
| Si on écoute les pompes funèbres, c'est pas moins de 2000€ et tout le monde ne les as pas, même à crédit |
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| Sujet: Re: Frais d’obsèques, le jugement dernier du consommateur | |
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